Homélie du Mercredi des Cendres
Abbé Jean Compazieu | 10 février 2015Entrer en Carême
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Si vous demandez à des enfants ce qu’est le Carême, certains vous répondront : “On ne mange pas de viande…” D’autres ajouteront : “On ne mange pas de bonbons…” Des adultes qui pensent en savoir un peu plus feront le lien avec le Ramadan des musulmans. On se dit qu’il va falloir se priver et faire des sacrifices. Comme si la vie n’en imposait pas suffisamment aux siens.
En fait, le vrai Carême c’est tout autre chose. Les lectures bibliques de ce premier jour veulent nous aider à le réorienter vers son véritable but. Le carême n’a de sens que parce qu’il est une préparation à Pâques. Ce temps de préparation fait déjà partie de la fête. Nous sommes en marche vers la victoire de Pâques. Le Christ vainqueur de la mort et du péché veut nous y associer tous. Ces quarante jours sont comme une retraite joyeuse pour remettre le Christ au centre de nos vies. C’est en lui et avec lui que nous retrouverons la vraie joie.
Ce carême s’ouvre par un appel de Dieu “tendre et miséricordieux… lent à la colère et plein d’amour” (1ère lecture). Le prophète Joël convoque le peuple à une célébration pénitentielle dans le jeûne, les larmes et le deuil. Il ne s’agit pas d’enfoncer la communauté dans son tort mais de l’aider à se relever. Chacun doit comprendre que Dieu est le seul vrai but de toute vie humaine. Son amour est toujours prêt à pardonner. Il convient de faire le deuil de tout ce qui nous empêche d’aller à Dieu. Le sacrement du pardon nous sera proposé pour revenir vers le Seigneur et accueillir son amour.
C’est aussi le même message que nous adresse saint Paul. Le Christ est venu dans le monde pour réaliser la réconciliation de Dieu avec l’humanité. Elle se réalise à travers la mort et la résurrection de Jésus. Mais rien ne sera possible si le salut offert à tous n’est pas accueilli. C’est pour cela que Paul nous supplie : “laissez vous réconcilier avec Dieu”. C’est par la croix de Jésus que nous sommes sauvés. “Ne laissez pas sans effet la grâce de Dieu” (2Co. 6, 1). Accueillir cet appel peut nous entraîner à aller à contre-courant de l’opinion qui règne dans le monde. Mais nous, chrétiens, nous savons que le Christ est “Le chemin, la Vérité et la Vie. Lui seul a “les paroles de la Vie Éternelle”.
L’Évangile nous renvoie à un autre aspect de cette conversion : il nous parle des pratiques du Carême : partager, jeûner, prier. C’est là que nous retrouvons notre capacité d’aimer Dieu et nos frères. Mais ces pratiques risquent d’être détournées de leur but premier. C’est ce qui arrive quand on agit pour se montrer et se faire estimer. Ces pratiques ne sont plus orientées vers Dieu mais vers nous-mêmes. C’est pour cette raison que le Christ nous recommande de sortir de cette hypocrisie.
Tout au long de ce Carême, Jésus nous invite à le suivre sur la montagne pour accueillir sa Parole et nous en nourrir. Il nous rappelle qu’agir “comme des justes” c’est nous ajuster à Dieu. Si nous prions, si nous jeûnons, si nous partageons avec les plus pauvres, ce n’est pas pour nous faire admirer ni pour nous donner bonne conscience. La seule attitude qui convient. Il voit ce que nous faisons dans le secret et il nous le revaudra.
Être authentique devant Dieu c’est tout faire pour mettre notre vie en accord avec son amour. La prière, le jeûne et le partage sont des moyens pour le retrouver en vérité. Tout au long de ce Carême, le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement nous donnera des moyens concrets pour aider ceux qui ont faim à sortir de leur misère. A travers ce partage, nous disons quelque chose de l’amour qui est en Dieu. Mais pour cela, nous avons besoin de puiser à la Source de Celui qui est L’Amour. C’est là le but du Carême. Nous vivons dans un monde qui s’agite beaucoup sans réfléchir. Un chrétien qui ne réagit plus est un chrétien en danger. Mais le Seigneur ne nous abandonne pas. Il nous appelle inlassablement à revenir vers lui de tout notre cœur. C’est maintenant le moment favorable, le jour du Salut. Que cette bonne nouvelle nous remplisse de joie !
Apprends-nous, Seigneur, à être simples, à aimer comme toi. Apprends-nous à nous laisser habiter par ta présence et ta divine miséricorde. Amen
Sources : Revues Signes, Feu Nouveau, Dimanche en paroisse, Carême à domicile, Homélies de l’année liturgique (Simon Faivre), Missel Communautaire (Michonneau)
Les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu. cette antienne marque bien l’essence même de ce beau temps liturgique : nous entrons dans le combat de Dieu ! Dans l’aumône, évidemment, notre regard se désoriente de nous pour porter notre attention aux plus pauvres. C’est une chose peut-être évidente, mais pas forcément. Donner de son argent ne décentre pas forcément l’homme de lui-même, car le risque de l’orgueil, de se croire puissant en ayant la possibilité de donner ! Cela peut se cacher dans notre intention. C’est bien pourquoi le Christ nous invite à le voir présent en chaque pauvre. Si le Christ est là, comme présent dans le sacrement du frère, alors mon cœur entre dans ce même mouvement d’amour gratuit et de don de soi,
En ce premier jour de Carême, le Seigneur nous invite à la conversion dans la joie. Nous avons 40 jours pour nous débarasser de tous les “encombrants” qui alourdissent notre marche vers Pâques. 40 jours pour aller à la rencontre du Ressuscité.
40, chiffre, on ne peut plus symbolique ! Des années pour le peuple d’Israël; des jours pour Moïse sur le Sinaï et Jésus qui n’a pas déroger à la règle, il a passé 40 jours dans le désert après son baptême pour se préparer dans le jeune et la prière.
Nous aussi, nous devons nous préparer par la prière, le jeune, le partage, nous débarraser du superflu avec sincérité. Vivre ce temps fort en consacrant plus de temps à la prière, ouvrir un peu plus souvent la Bible, être plus attentif aux frères dans le besoin,
nous montrer plus généreux pour la collecte du CCFD.
Nous sommes si faibles, si négligents qu’on se culpabilise; on se voudrait tout autre …mais le Seigneur nous aime tels que nous sommes, il nous demande de revenir à Lui, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour…
Oui, Seigneur, aime-moi, aide-moi, j’ai tant besoin que tu me prennes en pitié malgré mes fautes. Marche avec moi Seigneur car il se fait tard dans ma vie.